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Les aides publiques à la presse : mythes et réalités

Les dispositifs d’aides à la presse sont éprouvés. La première aide postale remonte à la période révolutionnaire, en 1796, avec l’instauration de tarifs postaux privilégiés. Depuis, d’autres mesures s’y sont progressivement ajoutées, au fil des évolutions techniques, réglementaires et économiques, afin de soutenir un secteur qui contribue de manière essentielle à l’information des citoyens et à la diffusion des courants de pensée et d’opinion.  

 

La presse : un secteur économique comme les autres ? 

La vitalité et le pluralisme et de la presse sont plus que jamais un enjeu majeur de la vie politique :

par la production d’une information pluraliste, professionnelle et de qualité, la presse participe à éclairer le citoyen et à animer un débat démocratique. Conscient du coût de l’information professionnelle, l’État s’est engagé de longue date à soutenir ce secteur stratégique, en s’attachant à soutenir le développement de sa diffusion, à conforter les conditions de son pluralisme et à favoriser sa modernisation et l’émergence de nouveaux titres.


Car la production d’une information fiable et professionnelle repose sur des coûts significatifs : le financement de la rédaction avant tout, mais aussi celui des autres fonctions supports à la production et à la distribution de l’information. A cela s’ajoutent des coûts matériels importants, souvent fixes et incompressibles : rotative, papier, transport, énergie, sécurité informatique. Enfin, la transition numérique exige des investissements réguliers afin de s’adapter aux ruptures technologiques et d’usages et aux attentes des lecteurs.

Conseil constitutionnel, décision n° 86-210 du 29 juillet 1986, « 20. Considérant que le pluralisme des quotidiens d’information politique et générale est en lui-même un objectif de valeur constitutionnelle ; qu’en effet, la libre communication des pensées et des opinions, garantie par l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, ne serait pas effective si le public auquel s’adressent ces quotidiens n’était pas à même de disposer d’un nombre suffisant de publications de tendances et de caractères différents ; que l’objectif à réaliser est que les lecteurs qui sont au nombre des destinataires essentiels de la liberté proclamée par l’article 11 de la Déclaration de 1789 soient à même d’exercer leur libre choix sans que ni les intérêts privés ni les pouvoirs publics puissent y substituer leurs propres décisions ni qu’on puisse en faire les objets d’un marché . »
Depuis la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, ce fondement est renforcé par l’inscription à l’article 34 de la Constitution du principe selon lequel la loi fixe les règles concernant notamment « la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias ».

Pourquoi subventionner des groupes de presse ?

La presse d’information est un acteur économique exposé aux lois du marché, tout en étant porteuse d’enjeux d’intérêt général. Or son modèle est aujourd’hui mis à l’épreuve en raison de la révolution numérique, qui non seulement transforme les usages en matière d’accès et de partage de l’information, mais bouleverse aussi la répartition de la valeur. Les recettes publicitaires des éditeurs, largement captées par les plateformes en ligne, ont ainsi été divisées par 2 entre 2011 et 2021. Dans le même temps, les coûts fixes doivent être amortis sur des volumes de diffusion papier qui se réduisent.

 

Les éditeurs se doivent de réinventer continuellement leurs modèles de développement, tant sur les plans technique et éditorial que commercial et financier, pour faire face à cette transition longue.

 

Pour l’ensemble de ces raisons, l’État soutient financièrement la presse et le journalisme. Mais, contrairement aux idées reçues, le montant de ces aides tend plutôt à baisser. Surtout, elles sont ouvertes à tous sur la base de critères objectifs, non discriminatoires et transparents. Les montants attribués sont en outre débattus devant le Parlement et publiés en open data, ce qui constitue un modèle de transparence dans les politiques de soutien aux industries créatives.

L’Alliance revient ici sur quelques clichés et idées reçues sur le sujet.

« La presse n’a jamais autant été aidée »
Faux. Bien que les dispositifs se soient multipliés pour répondre aux nouveaux enjeux (aides au portage, transition numérique, écologique…), le montant global des aides à la presse tend plutôt à décroître.
« Les aides ont fortement augmenté avec la crise sanitaire »

La presse a bénéficié comme d’autres secteurs d’un effort significatif de l’Etat, avec un plan de filière 2020-2022, bénéficiant notamment des crédits du plan de relance.

« Les aides sont réservées à un petit nombre de bénéficiaires »
Faux. Alors même que le volume global des aides à la presse tend à décroître, le nombre de bénéficiaires augmente depuis 2015.
« La gestion et l’attribution des aides sont opaques »

Faux. Les dispositifs d’aides à la presse sont publics, contrôlés et transparents, les montants et les titres bénéficiaires sont accessibles à tous sur le site du ministère de la Culture.

« Pourquoi financer des journaux qui ne sont plus lus ? »
Faux. La presse n’a jamais autant été lue. La presque totalité des Français, et même les catégories les plus jeunes, lisent au moins 1 marque de presse par mois. Sa fragilité économique tient à la transition d’un modèle économique qui repose sur des coûts fixes, et à la plus grande difficulté à monétiser la presse en ligne.
« La presse papier capte les aides publiques au détriment d’acteurs du web »
La diffusion papier fait l’objet d’aides spécifiques, à raison des coûts fixes conséquents qu’ellegénère. Cependant, les acteurs du web touchent également des aides directes et indirectes, notamment depuis la mise en œuvre du plan de filière.
« L’Etat subventionne une matière première polluante : le papier »

Faux. Le papier est l’une des rares matières premières réellement renouvelables et recyclables. Les éditeurs de presse quotidienne et hebdomadaire d’information utilisent un papier constitué très majoritairement de fibres recyclées. De même, les fibres fraîches sont issues de forêts durablement gérées, qui préservent la biodiversité. En savoir plus sur la gestion durable des forêts.

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